Préface des Éditions de Londres

« Melmoth réconcilié » est un conte d’Honoré de Balzac paru en 1835.

 

Dans ses premières années Balzac était encore très influencé par le romantisme et le fantastique. « Melmoth » appartient à cette tradition. Il suit La peau de chagrin, son chef d’œuvre fantastique.

Ce conte est une variation faustienne inspiré du roman du révérend Mathurin, prêtre irlandais, intitulé « Melmoth ou l’homme errant » : dans le roman originel, Melmoth, gentilhomme irlandais du 18ème siècle, fait un pacte avec le Diable ; il vivra sans vieillir, et pourra exaucer n’importe quel désir. Mais en contrepartie, au bout de cent cinquante ans, il appartiendra au Diable.

N’oublions pas que c’est la mode. En 1830, Berlioz devient célèbre avec la « Symphonie fantastique ». Le goût est au fantastique, au Faustien, au Diable. Influencé par la vague « Romantique » qui avait déferlé sur la France à partir de 1830, Balzac avait écrit de nombreuses nouvelles fantastiques.

A partir de 1834-1835, avec les parutions du Père Goriot et de Melmoth réconcilié, Balzac va s’atteler à son œuvre : il va concevoir la Comédie humaine.

Les premières phrases de « Melmoth réconcilié » marquent peut-être la transition entre la période fantastique et la période réaliste de Balzac :

« Il est une nature d’hommes que la Civilisation obtient dans le Règne Social, comme les fleuristes créent dans le Règne végétal par l’éducation de la serre, une espèce hybride qu’ils ne peuvent reproduire ni par semis ni par bouture. Cet homme est un caissier, véritable produit anthropomorphe, arrosé par les idées religieuses, maintenu par la guillotine, ébranché par le vice, et qui pousse à un troisième étage entre une femme estimable et des enfants ennuyeux. Le nombre des caissiers à Paris sera toujours un problème pour le physiologiste. »

©Les Editions de Londres